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INTERVIEW. Jérémy Ferrari reprend le théâtre Fémina à Bordeaux : « Il faut essayer d’apporter un truc en plus »

INTERVIEW. Jérémy Ferrari reprend le théâtre Fémina à Bordeaux : « Il faut essayer d’apporter un truc en plus »


Jérémy Ferrari a signé pour neuf ans au théâtre Fémina à Bordeaux. Ce théâtre de 1 200 places a une place particulière dans le cœur des spectateurs bordelais, par son architecture et son organisation, qui donnent ce cachet si singulier aux spectacles. Pour décrocher cette gérance, l’humoriste, qui a saisi le rapport affectif du public à ce lieu, a notamment mis en avant sa liberté d’esprit dans une société du spectacle de plus en plus dominée par des groupes d’intérêt financier. Et ce travailleur forcené sait de quoi il en retourne : sa société Dark Smile, montée avec un ami d’enfance, Mickaël Dion, regroupe une maison d’édition, une production, une billetterie, et emploie une quarantaine de salariés. Rencontre.

Le premier spectacle de Jérémy Ferrari au Fémina remonte à 2012.


Le premier spectacle de Jérémy Ferrari au Fémina remonte à 2012.

Pascal Ito

« Si demain un producteur décide que je ne peux plus dire ce que je pense, je perds mon public et mon boulot »

Vous allez reprendre le théâtre Fémina à Bordeaux à partir du 1er juillet. Comment ça s’est fait ?

C’est assez simple en fait, j’ai rencontré à plusieurs occasions Jean-Pierre Gil, le propriétaire, et sympathisé avec lui. J’ai su qu’il y avait un renouvellement de bail. Et c’est un lieu à taille humaine où j’adore jouer : quand vous êtes sur scène, le public est très ramassé devant vous, vous avez l’impression de jouer au milieu de la salle. Donc on a monté un projet, en se disant qu’on ne ferait pas forcément le poids face à tous les concurrents qui allaient vouloir récupérer le théâtre…

Quel projet avez-vous proposé pour remporter le bail du Fémina ?

Quand on a la chance d’avoir un théâtre qui est sublime, dans lequel les artistes veulent venir, il faut essayer d’apporter un truc en plus. L’idée, c’est de créer un peu plus d’événements autour du théâtre. Il faut faire à la fois des programmations pointues et populaires, parce que l’art doit parler à tout le monde. On a aussi proposé des travaux, dans les loges, la salle, pour améliorer le confort des spectateurs, et puis exploiter aussi des parties du théâtre qui ne le sont pas. Tout en gardant l’équipe en place.

Vous avez une relation particulière avec Bordeaux ?

Quand j’ai fait « On ne demande qu’à en rire » [l’émission de Laurent Ruquier sur France 2 dans les années 2010, NDLR], j’avais 25 ans. Ça faisait déjà dix ans que j’étais à Paris, mais ça ne marchait pas trop. Et puis débute ma première tournée. Je suis arrivé à Bordeaux et l’accueil des Bordelais avait été complètement dingue. C’est resté l’une de mes villes préférées en tournée, pour ne pas dire ma ville préférée. Pour le coup, je ne suis pas très original, parce que de manière générale, on adore aller jouer à Bordeaux : c’est un public réactif, fin, très en demande de théâtre et de spectacle vivant.

En plein cœur du Bordeaux historique, le Fémina a été une salle de spectacle, puis un cinéma dans les années 1930 et enfin un théâtre en 1977.


En plein cœur du Bordeaux historique, le Fémina a été une salle de spectacle, puis un cinéma dans les années 1930 et enfin un théâtre en 1977.

Archives Stéphane Lartigue/SO

« C’est un lieu à taille humaine où j’adore jouer »

Vous êtes réalisateur, humoriste, producteur, éditeur et dès juillet directeur de théâtre. Qu’est ce qui vous motive ?

C’était le seul moyen de garder ma liberté d’expression : si demain un producteur décide que je ne peux plus dire ce que je pense, je perds mon public et mon boulot. Avec Mickaël Dion, on a décidé de monter des sociétés, car ça nous rendait libres en nous permettant de gagner de l’argent ailleurs. On peut, dans ce monde, gagner de l’argent, être libre et faire les choses en n’étant pas un requin. J’essaye avec Dark Smile de résister par une manière de penser, par les spectacles qu’on produit, par les gens qu’on défend, par la liberté de ton qu’on a réussi à imposer à la télévision et sur la scène française.

Dark Smile Productions

La société, pilotée par Jérémy Ferrari et Mickaël Dion, trouve ses origines en 2007 dans le vestiaire d’un club de jujitsu… Une histoire d’amitié, qui a scellé en 2013 la création de leur entreprise. « Au début, c’était juste pour avoir une maîtrise et un regard sur les comptes », précise Jérémy Ferrari. Puis l’artiste a proposé à des humoristes d’écrire pour eux, le duo d’amis a rencontré Laura Laune, l’a produite, et ça a fait boule de neige : GuiHome, Arnaud Tsamère, le Cas Pucine, Alexandre Kominek ont signé chez Dark Smile… « Ensuite on a monté notre propre maison d’édition, parce qu’on voulait avoir la main sur le prix des DVD, ajoute l’humoriste. Puis on a créé une société pour produire nos propres émissions, et nos créations lumière ». De fil en aiguille est née leur billetterie « parce qu’on trouvait que les billets étaient trop chers ». Aujourd’hui, Dark Smile Productions est composée de six filiales et de 15 employés permanents. Autour de ce noyau gravitent des associés et des dizaines de salariés réguliers. Une évolution qui a conduit Jérémy Ferrari et Mickaël Dion à transformer Dark Smile Productions en un groupe complet, Dark Smile.



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