BERTRAND GUAY / AFP
Le ministre de l’Economie et des finances, Eric Lombard, et la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, photographiés à Bercy vendredi 10 janvier
POLITIQUE – C’est la première mission (et hautement périlleuse) du gouvernement Bayrou : doter la France d’un budget pour 2025 qui lui fait défaut depuis la motion de censure adoptée à l’encontre de Michel Barnier. Le tout, dans un contexte de dérapage du déficit et d’une fragmentation des forces politiques à l’Assemblée. Raison pour laquelle le ministre de l’Économie, Eric Lombard, et la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont multiplié les réunions dans la semaine (notamment avec la gauche) dans le but de franchir cette première étape.
Objectif : trouver 50 milliards d’économies pour résorber le déficit public, le tout sans s’attirer une motion de censure votée par l’ensemble de la gauche et du Rassemblement national et sans détricoter l’héritage macroniste, marqué une politique de l’offre centrée sur une fiscalité avantageuse pour les entreprises et un recul de l’âge légal de départ à la retraite. Pour les Français en tout cas, la question fiscale n’est pas tabou dans ce contexte. Bien au contraire.
Même les macronistes approuvent
Selon un sondage réalisé par YouGov pour Le HuffPost, 70 % des Français sont favorables à la création d’un impôt sur les ménages les plus riches pour financer la baisse du déficit public. Un score en légère hausse en comparaison du mois de septembre, lorsque 67 % des sondés se disaient favorables à cette option. Détail intéressant, l’idée séduit l’ensemble du spectre politique, y compris chez les sympathisants de formations politiques hostiles à toute hausse de fiscalité chez les plus riches. Ainsi, 73 % des électeurs LR se disent favorables à cette idée, tandis que ceux de Renaissance l’approuvent à 75 %.
Des scores très élevés qui tranchent avec le dogmatisme dont fait preuve le « socle commun » à l’égard de cette question fiscale. Dans le même esprit, les Français approuvent très largement la piste d’un ISF climatique pour financer la transition écologique. L’idée est souhaitée par 62 % des sondés, comme c’était déjà le cas au mois de septembre. Là encore, la mesure est majoritaire dans toutes les familles politiques. Même au RN (un parti climatosceptique et au logiciel économique plus libéral que ce qu’il prétend), où elle séduit plus d’un sondé sur deux (56 %).
Le gouvernement est-il prêt à aller dans cette voie budgétaire ? Ce lundi 6 janvier sur France inter, le ministre de l’Économie (qui vient de la gauche) a annoncé qu’il était personnellement favorable à davantage de « justice fiscale ». Selon L’Opinion, Bercy serait prêt à aller chercher des recettes sur les plus riches. Plus précisément, à étudier la possibilité d’instaurer une taxation du patrimoine des plus fortunés pour s’assurer de la non-censure de la gauche. Si la mesure devrait être accueillie avec circonspection par le camp présidentiel, il se pourrait bien, au regard des résultats de cette enquête YouGov, que les Français la voient au contraire d’un bon œil.
L’enquête a été réalisée du 7 au 10 janvier 2025 sur 1016 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France.
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