(Terrebonne) Paul St-Pierre Plamondon n’aime pas le « parallèle » tracé par François Legault entre la pandémie et la menace tarifaire de Donald Trump. Il est prématuré d’évoquer des programmes d’aide aux entreprises et d’envisager un report du retour à l’équilibre budgétaire, croit-il.
Le chef du Parti québécois affirme que l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens au 1er février demeure « une hypothèse » même si le président américain a précisé son intention lundi. « Moi, je n’assume pas à ce stade-ci qu’il y aura des tarifs », a lancé M. St-Pierre Plamondon en marge d’une réunion de son caucus à Terrebonne, mardi.
« Avant de faire des déclarations pour rassurer ou pour faire paniquer la population, je réitère qu’en date d’aujourd’hui, il n’y a pas de tarifs et que l’objectif, idéalement, c’est de réussir à éviter le plus possible les mesures économiques défavorables aux intérêts du Québec », a lancé le leader péquiste, qui reproche au premier ministre François Legault de tracer un parallèle entre la pandémie et la menace tarifaire.
Mardi, François Legault a assuré qu’il allait « protéger les Québécois coûte que coûte » en reprenant un discours semblable à celui qu’il tenait au moment de la crise sanitaire. La veille, il avait affirmé que, compte tenu des circonstances, il ne pouvait garantir que l’équilibre budgétaire serait atteint comme prévu en 2029-2030. Le ministre Eric Girard a confirmé mardi que l’échéance pourrait être reportée.
Le grand argentier du gouvernement a ajouté que la priorité serait de « soutenir notre économie ». Le gouvernement prépare un plan d’aide aux entreprises et aux citoyens s’inspirant de ce qu’il a fait durant la pandémie, a-t-il précisé.
Selon Paul St-Pierre Plamondon, le gouvernement Legault fait fausse route. « Il va falloir s’assurer qu’on ne mette pas sur pied des programmes mur-à-mur où on imprime des dollars à peu près [pour] toutes les situations alors que les secteurs ne seront pas touchés de la même manière », a prévenu le chef péquiste, rappelant que le contexte du déficit historique réduit la marge de manœuvre à Québec.
« C’est tôt pour mettre sur pied des programmes [d’aide] alors qu’on ne sait pas de quoi retourne cette négociation-là [quant aux tarifs douaniers] », a soutenu M. St-Pierre Plamondon.
« On vient de connaître le pire déficit de l’histoire du Québec sous la CAQ. […] Puis, on est déjà en train de dire à des patients qui ont le cancer ou qui ont des maladies importantes qu’il n’y a plus de services […] et on continue de couper [en santé]. Il va falloir équilibrer tous les aspects sociétaux entourant le déficit historique dans lequel la CAQ nous a plongés s’il y a une discussion sur l’aide aux entreprises », a-t-il ajouté.
Le gouvernement Legault a notamment évoqué des prêts à des taux très avantageux pour aider les entreprises qui auraient des problèmes de liquidités. Les entreprises pourraient aussi bénéficier d’assouplissements sur le front environnemental, a fait savoir le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
Solutions proposées mercredi
Le Parti québécois présentera mercredi matin son plan de match pour soutenir les entreprises québécoises si Donald Trump met sa menace tarifaire à exécution. Le caucus péquiste tient mardi soir une « réunion d’urgence » pour analyser la série de décrets signés lundi par le nouvel occupant de la Maison-Blanche.
La formation évoque cette situation pour expliquer qu’une activité de pointage dans Terrebonne – à laquelle elle avait convié les médias – est annulée.
Les discussions de mardi doivent porter sur « un certain nombre d’avenues pour protéger ou promouvoir des options par secteur » pour les entreprises québécoises, a indiqué le chef. Les programmes d’aide incluant des subventions seraient écartés pour l’instant, a-t-on ajouté.
« [Il faut dire] comment on va s’y prendre et comment on met à profit nos entreprises, leur capacité d’innovation et leur intelligence dans un plan commun », a précisé M. St-Pierre Plamondon.
Le chef du Parti québécois demande également à François Legault de créer une « Équipe Québec » en réunissant notamment les partis d’opposition et le gouvernement à la même table pour définir d’une stratégique pour répondre à la menace du président américain.
Le caucus péquiste se réunit mercredi et jeudi à Terrebonne pour élaborer les priorités de la rentrée parlementaire. Un choix stratégique alors que le Parti québécois veut reconquérir son ancien bastion laissé vacant par Pierre Fitzgibbon en septembre. Or, les activités partisanes prévues à l’horaire ont été annulées.
L’un des gestes que posera la formation politique au cours de la session parlementaire sera d’ailleurs de déposer un projet de loi pour tenir des élections partielles à date fixe pour éviter un scénario comme Terrebonne où la population est sans député depuis près de cinq mois.
Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse