Quand la police se fait voler et ne peut rien faire

Vous pensez que les réseaux sociaux sont devenus un épouvantable terrain de jeu pour les fraudeurs? Vous pensez que les patrons des réseaux sociaux sont au-dessus de tout et désintéressés d’assumer toute responsabilité? C’est peut-être pire que vous ne le croyez. 

J’ai fait une entrevue hier avec le sergent porte-parole de la Sûreté du Québec. Sujet: le corps de police vient de faire son entrée sur TikTok. L’initiative vise à rejoindre les jeunes, surtout les moins de 25 ans, qui fréquentent de moins en moins les autres réseaux sociaux. TikTok, c’est la place pour leur parler en 2025.

Je dois dire que les gens de communications de la SQ utilisent l’humour avec intelligence, parfaitement dans l’esprit de TikTok, pour connecter avec leur public cible. Déclamer des petites morales et donner des directives le doigt en l’air serait un fiasco sur ce réseau.

Pour me faire une idée, je suis donc allé voir le compte TikTok fraîchement créé de la Sûreté. Surprise! Il m’a fallu un certain effort pour le trouver parce que… plusieurs comptes sont ouverts avec le logo officiel et l’appellation Sûreté du Québec. Des comiques (ou des croches) ont ouvert des comptes, se faisant passer pour le corps policier.

Faux comptes

De l’aveu même du porte-parole officiel, il existerait au minimum une vingtaine de comptes qui utilisent le nom «Sureté du Québec», dont la plupart usurpent aussi le célèbre logo fleurdelysé jaune et bleu.

Appelons un chat un chat. La Sûreté du Québec est victime de vol d’identité. Le plus puissant corps de police du Québec est victime d’usurpation d’identité complète sur les réseaux sociaux: le nom et le logo officiels.

Le vol d’identité est un fléau sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, des bandits se font passer pour Nathalie Simard pour vendre des substituts alimentaires. D’autres se font passer pour Normand Brathwaite ou Marie-Claude Barrette pour flouer des investisseurs. D’autres encore ont usurpé l’identité des animateurs de Salut Bonjour pour vendre des produits amaigrissants.

Réseaux complices

Lorsque ces personnalités signalent la fraude, Facebook ne fait rien. Comme la publicité ne présente ni nudité ni violence, on juge que les messages sont conformes aux normes de l’entreprise. Pourtant, la publication constitue un double crime: un vol d’identité pour tromper le consommateur, afin de lui voler son argent.

Or maintenant, c’est la police elle-même qui se fait voler son identité et qui semble ne pas pouvoir faire grand-chose. J’ai posé la question à la Sûreté du Québec: vont-ils tolérer que des clowns aux intentions incertaines volent leur identité? On m’a répondu qu’ils faisaient les démarches auprès des réseaux sociaux en pareil cas, ajoutant au passage que c’est une mission difficile.

Quand la police se fait voler son identité et ne peut rien faire, imaginez la vulnérabilité du reste de la population. Voilà qui devrait interpeller nos ministres de la Justice, à Québec comme à Ottawa!