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Haroun Bouazzi | L’affaire rebondira à l’Assemblée nationale

Haroun Bouazzi | L’affaire rebondira à l’Assemblée nationale


(Québec) Même si Québec solidaire souhaitait « tourner la page » dimanche, l’affaire Haroun Bouazzi est loin d’être terminée. Caquistes, libéraux et péquistes feront front commun mardi pour que l’Assemblée nationale condamne les propos du député de Maurice-Richard.




Les propos controversés du député Haroun Bouazzi sur le racisme allégué à l’Assemblée nationale feront des vagues mardi alors que les députés reprennent le chemin de la colline parlementaire après une semaine de travaux en circonscription.

Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, déposera au Salon rouge une motion sans préavis – c’est-à-dire sans délai préalable d’une journée – pour dénoncer les déclarations du député solidaire, a-t-on appris. Le Parti libéral du Québec et le Parti québécois utiliseront eux aussi ce moyen parlementaire pour réaffirmer que l’Assemblée nationale n’est pas raciste.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Simon Jolin-Barrette, leader parlementaire du gouvernement

En soirée lundi, les formations politiques peaufinaient encore le texte de leur motion respective. Des discussions entre les leaders parlementaires se poursuivront d’ailleurs mardi. La version non finale du Parti québécois que La Presse a pu consulter demande notamment que :

  • « L’Assemblée nationale affirme qu’aucun de ses membres n’est motivé par le racisme et la construction négative ou inférieure de “l’Autre” et dénonce fortement tout propos en ce sens »
  • « Qu’elle réaffirme que tenir des propos semblables peut miner la légitimité de l’Assemblée nationale, nuire au vivre-ensemble et affaiblir à la confiance de tous les Québécois et Québécoises envers les institutions démocratiques du Québec ».

« Les propos injurieux de Haroun Bouazzi ne passent pas et nous y reviendrons mardi à notre retour à l’Assemblée nationale », a écrit le député Pascal Bérubé sur X. Une publication relayée par le chef Paul St-Pierre Plamondon, qui a affirmé samedi que le député avait usé d’une « technique diffamatoire » en laissant entendre qu’il était hostile à l’immigration.

« Ce que la procédure parlementaire nous permet, on va l’utiliser », a expliqué en entrevue lundi le leader parlementaire des libéraux, Monsef Derraji. « [M. Bouazzi] est élu, il est privilégié, il a une voix comme la mienne, il aurait dû utiliser tous les moyens à sa disposition pour mentionner [ce qu’il dénonce] à l’intérieur du Parlement », a déploré le député d’origine marocaine.

Les moyens à la disposition des parlementaires dans ce genre de situation demeurent limités, d’autant plus que M. Bouazzi n’a pas tenu ses propos dans l’enceinte du Parlement.

Les motions ne doivent par ailleurs « contenir ni exposé de motif ni argumentation ». Un député peut aussi « soulever l’irrecevabilité d’une motion en tout temps jusqu’à sa mise aux voix », ce qui rend plus hasardeuse une motion qui vise directement un élu, par exemple. Si l’irrecevabilité est soulevée, la présidence de l’Assemblée nationale doit trancher.

Dans le cas des motions sans préavis, elles ne peuvent être débattues qu’avec le consentement unanime de l’Assemblée, ce qui pourrait isoler Québec solidaire.

Une « majorité » d’élus solidaires souhaiterait que leur collègue soit exclu du caucus, a révélé lundi le chroniqueur politique du 98,5 Montréal, Jonathan Trudeau. Il a été impossible d’obtenir un commentaire officiel de Québec solidaire sur la controverse, lundi.

Depuis le début de cette controverse, Haroun Bouazzi s’est toujours défendu d’avoir affirmé que des membres de l’Assemblée nationale étaient racistes.

Des élus ne décolèrent pas

La voie de passage identifiée par les membres de Québec solidaire à l’issue d’un débat à huis clos dimanche n’a pas calmé la grogne des élus des autres formations politiques.



Lisez l’article « L’Assemblée nationale n’est pas raciste, dit QS »

« Je suis tellement déçu de QS. Rien n’a été fait pour rappeler à l’ordre son député. Au contraire, on ajoute l’insulte à l’injure en cautionnant ses propos », a déploré le ministre Lionel Carmant dans une déclaration transmise à La Presse, lundi. « Le député a affirmé des faussetés à mon égard et envers mon collègue Lionel Carmant. C’est absolument regrettable qu’il refuse de s’excuser », a écrit pour sa part Christian Dubé.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Lionel Carmant

Québec solidaire « ne soutient pas et n’a jamais soutenu que l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes », a déclaré le parti dans une motion adoptée à l’unanimité lors de son congrès de la fin de semaine dernière. Le texte souligne également que Québec solidaire « condamne fermement les menaces, la violence et la campagne de diffamation dirigée contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances ».

Sur X, ce dernier s’est dit « ému et énergisé » par « l’appui spontané [qu’il a] reçu des membres et la façon dont elles et eux se sont mobilisé. e. s pour trouver la meilleure manière d’exprimer leur soutien ».

« La page est tournée. Le débat a été tranché par nos membres. La motion est limpide sur la position commune qu’est la nôtre », a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois. Pourtant, le leader solidaire s’était dit en désaccord avec les propos de son député, jugeant qu’ils étaient polarisants.

La nouvelle co-porte-parole Ruba Ghazal – dont le couronnement samedi a été complètement éclipsé par la controverse – avait également rappelé M. Bouazzi à l’ordre jeudi dernier en indiquant qu’il avait tenu des propos « franchement maladroits et exagérés ».

Lors du gala de la Fondation Club Avenir, en novembre, Haroun Bouazzi a notamment affirmé qu’il observait « à l’Assemblée nationale tous les jours la construction de cet autre, de cet autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure ». Des propos dénoncés immédiatement par l’ensemble de la classe politique québécoise.

Il a en rajouté une couche le lendemain dans une entrevue à Tout un matin à Radio-Canada en mettant en cause Christian Dubé et Lionel Carmant, la CAQ et le PQ. Il a reproché à ces deux formations politiques de ne s’inquiéter de l’élection de Donald Trump aux États-Unis que sous la lorgnette de l’arrivée massive de réfugiés. Il a reproché à M. Dubé d’attribuer l’allongement des listes d’attentes en chirurgie aux immigrants.

« Quand je dis quotidien, c’est quotidien », a laissé tomber le député de Maurice-Richard au micro de Patrick Masbourian, vendredi. « La dernière semaine, M. Carmant était dans l’eau chaude, il nous a expliqué à une question au salon bleu, sur les intervenantes qui ont couché avec des mineurs dans la DPJ, et il finit par nous dire, c’est la faute des immigrants », a affirmé M. Bouazzi.

L’échange auquel fait probablement référence M. Bouazzi s’est déroulé il y a deux semaines. La libérale Brigitte Garceau questionnait M. Carmant sur les propos du premier ministre François Legault, qui a affirmé à ce moment que l’explosion de l’immigration temporaire avait un effet sur les services offerts par la DPJ. « Hier encore [François Legault] a affirmé que l’immigration était la cause de cette crise. Vraiment ? Est-ce que c’est l’immigration qui a agressé des mineurs en centre jeunesse ? », a demandé Mme Garceau.

M. Carmant a rétorqué qu’à son « grand désespoir », il y a des gens « qui partent d’Amérique du Sud, des Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied, à pied, avec leurs enfants, qui arrivent au Québec, et, à cause de leur état, la DPJ est appelée et doit intervenir dans ces cas-là ».

Avec Charles Lecavalier, La Presse



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