Vingt et une personnes ont été tuées cette semaine dans l’attaque d’un convoi de transport de marchandises près de Téra, dans l’ouest du Niger, épicentre de violences djihadistes et point de passage obligé pour ravitailler cet immense pays désertique et enclavé. « Vingt et un civils ont été tués dans cette attaque contre des véhicules de transport le 5 décembre par des hommes armés », a rapporté une source à Téra, samedi 7 décembre, sous le couvert de l’anonymat. Une autre source locale a également fait état de « 21 morts » dans l’attaque, sans donner plus de détails.
Samedi, la radio d’Etat nigérienne La Voix du Sahel a confirmé l’attaque, évoquant « plusieurs civils assassinés froidement » dans la zone dite des « trois frontières » (entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso), devenue un repaire pour les djihadistes sahéliens affiliés à l’organisation Etat islamique (EI) et à Al-Qaida. « Des véhicules de retour du marché hebdomadaire de Téra ont été la cible d’une attaque le jeudi 5 décembre 2024 à 12 kilomètres au nord de Téra, vers Bankilaré, par des bandits armés qui les ont interceptés aux environs de 17 heures », a précisé La Voix du Sahel.
Vendredi, le colonel Maïna Boukar, gouverneur de Tillabéri, a assisté aux funérailles des victimes à Téra et a « présenté les condoléances des autorités » à leurs familles, a par ailleurs rapporté la radio publique.
1 500 morts depuis un an
Téra est un point de passage obligé pour des milliers de camions de marchandises provenant du port de Lomé, au Togo, via le nord du Burkina. A la fin d’octobre déjà, un convoi de fret avait été la cible d’une attaque de grande ampleur près de Téra. « Nous avons perdu plusieurs de nos camarades sur cet axe, victimes d’attaques terroristes de plus en plus fréquentes », avait alors déploré l’Union des travailleurs du transport et assimilés du Niger (Uttan).
Après la mise en place de restrictions de passage à la frontière entre le Bénin et le Niger à la suite du coup d’Etat de juillet 2023 contre le président, Mohamed Bazoum, « notre pays a été contraint de se tourner vers le port du Togo », explique l’Uttan, obligeant les camionneurs à dévier leur trajectoire et à passer dans les zones à haut risque du Burkina et du Niger. L’armée nigérienne, qui conduit deux opérations antiterroristes dans la région de Tillabéri, fait parfois état d’attaques sur cet axe routier, menées, selon elle, par des « terroristes ».
L’extrême sud-est du pays, frontalier du Tchad, du Nigeria et proche du Cameroun, est quant à lui confronté aux attaques de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Selon l’organisation non gouvernementale Armed Conflict Location & Event Data (Acled), qui répertorie les victimes des conflits dans le monde, quelque 1 500 civils et militaires sont morts dans des attaques djihadistes depuis un an au Niger, contre 650 entre juillet 2022 et 2023.