Voici les temps forts de plus de trois semaines de chaos politique en Corée du Sud, de l’éphémère loi martiale instaurée par le président Yoon Suk Yeol, ensuite déchu, à la destitution vendredi de son successeur par intérim.
Une éphémère loi martiale
Le 3 décembre, à 22h23 (13h23 GMT), le président Yoon apparaît à la télévision pour une allocution inattendue et déclare la loi martiale, sur fond de blocage du budget au Parlement, dominé par l’opposition.
L’impopulaire dirigeant de 63 ans affirme vouloir protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes [et] éliminer les éléments hostiles à l’État». Les activités politiques sont interdites, une mise sous scellés est décrétée. Des hélicoptères atterrissent sur le toit du Parlement.
Deux heures plus tard, quelque 190 députés parviennent à entrer dans l’Assemblée, après en avoir été brièvement empêchés par des soldats. À l’extérieur, des milliers de personnes exigent le départ du président.
Les députés votent à l’unanimité en faveur d’une motion bloquant la loi martiale et appelant à sa levée. Quelques heures après l’avoir proclamée, le président réapparaît à la télévision et abroge la loi martiale.
Motion de destitution et enquête
Dans l’après-midi du 4 décembre, l’opposition annonce qu’elle va présenter une motion de destitution, alors que certains de ses élus déposent plusieurs plaintes pour «rébellion» contre le président, ses ex-ministres de la Défense et de l’Intérieur et d’autres personnalités majeures de la brève loi martiale. Des milliers de personnes défilent à Séoul.
Le lendemain, le chef du Parti du pouvoir au peuple de M. Yoon, Han Dong-hoon, déclare que sa formation fera front contre la motion.
La police ouvre une enquête pour «rébellion», notamment contre Yoon Suk Yeol.
Échec de la première motion de destitution
«J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères», conclut M. Yoon le matin du 7 décembre, avant de s’incliner profondément devant les téléspectateurs lors d’une allocution à la nation.
Quelques heures plus tard, il échappe à la destitution, sauvé par les députés de son parti, qui boycottent le vote malgré la pression de dizaines de milliers de manifestants.
«Jusqu’à la dernière minute»
L’ancien ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président à imposer la loi martiale, est arrêté le 8 décembre.
Quelques heures plus tard, le principal parti d’opposition annonce qu’il retentera le 14 décembre de faire destituer le président Yoon Suk Yeol. Le lendemain, le président est frappé par une interdiction de quitter le territoire.
Le 12 décembre, Yoon Suk Yeol défend sa loi martiale, assurant qu’il se «battra jusqu’à la dernière minute».
Explosion de joie
Vers 17h (8h GMT), le 14 décembre, le résultat du vote de la seconde motion de destitution tombe: 204 élus pour et 85 contre, pour trois absentions et huit bulletins nuls.
Yoon Suk Yeol est suspendu. La Cour constitutionnelle a six mois pour confirmer ou infirmer cette destitution.
Devant le Parlement, des dizaines de milliers de manifestants explosent de joie. L’intérim est assuré par le premier ministre Han Duck-soo.
Mais 10 jours plus tard, le principal parti d’opposition annonce son intention de le faire destituer par le Parlement, des députés l’accusant d’avoir «activement participé à l’insurrection» après la tentative avortée de son prédécesseur d’instaurer la loi martiale.
Seconde destitution
Le Bureau d’enquête sur la corruption adresse le 26 décembre une troisième convocation au président déchu Yoon Suk Yeol, sous le coup d’une enquête pour «rébellion», crime passible de la peine de mort. Il ne s’était pas présenté aux deux précédentes auditions auxquelles on l’avait convié.
Vendredi 27 décembre, le président par intérim est à son tour destitué. C’est au ministre des Finances, Choi Sang-mok, que revient désormais la charge de chef de l’État par intérim.