La période des Fêtes a été particulièrement désastreuse pour de nombreux commerçants du Quartier latin, certains ayant connu les pires ventes de leur existence.
«Mon bar vient d’avoir les plus mauvaises ventes du temps des Fêtes de son histoire», se désole Martin Guimond, le propriétaire de la brasserie le Saint-Bock, située sur la rue Saint-Denis, tout près d’Ontario.
À titre d’exemple, samedi, en début de soirée, son bar ne comptait que deux clients… pour cinq employés.
La situation est telle qu’il n’exclut pas de devoir fermer si l’achalandage n’augmente pas rapidement. Il se donne 100 jours pour y parvenir.
D’ici là, il devra congédier certains employés et couper des heures d’ouverture déjà écourtées.
Employés à la maison
Plus bas sur Saint-Denis, le co-propriétaire du salon de barbier UpCuts, Aziz Zoubi, a effectué «50% moins de coupes pendant le temps des Fêtes cette année que l’an dernier».
Il a dû garder des employés à la maison et convaincre son propriétaire de ne pas augmenter le loyer. Il aurait été incapable de payer. «Ça aurait été l’équivalent de me mettre à la porte», explique-t-il.
Les temps sont si durs pour les commerçants du secteur que plusieurs sont même incapables de payer leur cotisation annuelle à la Société de développement commerciale (SDC), qui coûte entre 4000$ et 5000$.
Sur le «respirateur artificiel»
«Le Quartier latin est sur le respirateur artificiel», s’inquiète Martin Guimond, qui compare la rue Saint-Denis à «un village fantôme rempli de déchets».
Les rats, la collecte déficiente des vidanges, les saletés, les travaux incessants, l’inflation, la cohabitation avec les itinérants et la consommation de stupéfiants font entre autres partie des difficultés soulevées par les commerçants rencontrés par Le Journal.
«Le quartier a besoin de leadership pour pouvoir avancer à nouveau», croit Jean-Yves Mas, qui possède et opère Le Psy, un bar vins et fromages, avec sa conjointe, Martine Daigneault.
De leur côté, les Fêtes se sont somme toute bien déroulées. Reste que M. Mas estime que les commerçants ont été «abandonnés par la SDC», qui a changé de directeur général quelques fois dans les dernières années.
«Le Quartier latin est très différent de ce qu’il a été dans les dernières années», reconnaît Julien Vaillancourt, qui a pris les rênes de la SDC en septembre dernier.
Le dirigeant se montre toutefois optimiste: il compte notamment offrir plus de services à ses membres, aller chercher davantage de subventions et tisser des liens plus solides avec les organismes qui aident les itinérants.
Avec Olivier Faucher.